Le fait de fumer et de promouvoir le cannabis font parti des stereotypes les plus tances associés au reggae et à ceux qui l’écoutent. Si on ne peut pas dire que tous les artistes et les fans de reggae sont fumeurs de ganja, il y a bien des raisons valables à ce stereotype. On dit que le cannabis fur introduit en Jamaïque par les travailleurs indiens qui vinrent travailler sous contrat à partir de 1845. En effet, le cannabis serait originaire de l’Himalaya et c’est une plante dont l’usage est établi depuis des millénaires dans la société indienne. D’une part elle est ancrée dans la tradition religieuse avec Shiva, un des dieux principaux du panthéon de l’hindouisme, comme son représentant le plus connu et qui est souvent représenté fumant un chillum. De plus en Inde, en plus d’être utilisé dans un cadre religieux par certains, la plante était communément utilisée dans la pharmacopée de l’Ayurveda, la médecine ancestrale indienne. Cependant au début du XXième siècle les Etats-Unis ont pénalisé l’usage du cannabis et assez rapidement de nombreux autres pays du monde ont suivi leur exemple, dont la Jamaïque sous domination coloniale britannique.
En Jamaïque, si la plante était devenue illégale, cela n’a pas fait cesser son utilisation dans la société mais simplement rendu celle-ci souterraine. Elle a continué d’être utilisé pour ses vertus relaxantes et récréatives d’une part et médicinale de l’autre. Cela va progressivement changer avec la montée en puissance du mouvement Rasta. Ce mouvement redéfini le rapport au cannabis en l’intégrant dans le dogme et en lui trouvant des justifications bibliques. Ainsi plusieurs versets de la Bible sont cités pour justifier son utilisation. Parme les plus cités il y a le Psaume 104 « Dieu créa les prairies pour le bétail, et l’herbe pour l’usage de l’Homme », un peu moins cité le Psaume 18 « La fumée sortit de ses narines » et la citation qui à rapport avec notre chanson Livre de l’Apocalypse 22: « et de part et d’autre du fleuve, des arbres de vie qui donnent douze fois leurs fruits, les rendant une fois par mois, et dont les feuilles servent à la guérison des nations ». En effet, pour les Rastas, le cannabis est « l’arbre de vie » cité dans le Livre de L’Apocalypse et c’est dans ce contexte que les Rastas réfutent l’idée que l’on puisse l’interdire. Les Rastas font donc usage du cannabis comme plante médicinale mais aussi comme un sacrement.
Avec le développement de l’influence Rasta dans les textes du reggae au cours des années 1970, le sujet du cannabis prend une place importante et de nombreux artistes ont écrit des textes vantant ses mérites et faisant son apologie. Parmi ceux-là, Jacob Miller écrit un texte reprenant les idées mentionnées plus haut et dont le thème central est la croyance que le cannabis est avant tout le panacée des nations. En plus de cette idée principale, Jacob Miller présente l’idée selon laquelle le système maléfique qui domine le monde (Babylone) connait la vraie valeur et nature du cannabis et l’interdit en connaissance de cause, tout en oeuvrant pour la destruction de l’humanité en autorisant la vente l’alcool et tabac alors qu’il sait que ces choses donnent des maladies mortelles. Cependant, Jacob Miller affirme que ,comme l’a dit Jesus, ce qui a été caché aux « sages et aux instruits » (Mathieu 11) a été révélé aux « enfants et aux nourrissons ». L’idée étant que la société (l’avocat, le médecin, le chef indien) qui se pense bien plus sage que les Rastas n’a pas reçu cette révélation, alors que les Rastas, du fait de leur reconnaissance du vrai Dieu, ont eux reçu ce savoir. Jacob Miller avance même que le cannabis est un remède qui permet de guérir le cancer et l’asthme, entre autres.
Il est intéressant de noter qu’alors qu’à cette époque les Rastas subissaient une grosse repression en partie du fait de leur consommation et promotion du cannabis, aujourd’hui les sociétés occidentales ont fait volte-face et cette plante est reconnue pour ses bienfaits médicinaux et est en train de redevenir légale un peu partout sur Terre.
Notes du Traducteur : 1/ Rum head, Wine Head: ces expressions désignent des gens qui se saoulent en faisant usage de rhum ou de vin. Une autre façon de dire « alcoolique ».
2/ Asthma, Rasma Chrasma: in l’existe pas, à ma connaissance de maladies appelées « Rasma » ou « Chrasma » et je pense que Jacob Miller décline simplement « Asthma » pour les besoins de la musicalité de la chanson.
3/ « Collie »En Jamaïque, l’un des mots utilisés pour nommer le cannabis est « Collie ». On suppose que c’est en lien avec les immigrants indiens qu’on appelait les « coolies ».
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Please, mister minister, a word with you
Only take a minute, sir, so don’t you screw
You no fight against the rum head
You no fight against the wine head
You no fight against the cigarette smoking
Yet you know, yet you know
These thing give cancer
Rastaman know the truth
So you can’t fool the youth
What was hidden from the wise and prudent
Shall reveal to the babe and suckling
Tell me why do you fight against the collie man
Yet you know, yet you know
It’s the healing of the nation
Too much partial-ism inna this business yah
God knows all them thing deh is cancer
Them ah give them fi go smoke and have
The herb all ah kill cancer, rasma
Lawyer man, doctor man, Indian chief
Babylon kingdom know the truth
Lawyer man, doctor man, Indian chief
Yet them know, yet them know
It’s the healing of the nation
Yet them know, yet them know
Them know it’s the truth
Tell me why do you fight against the collie man
Tell me why do you fight against the collie man
Yet you know, yet you know
It’s the healing of the nation
Yet them know, yet them know
It’s the curing of cancer, asthma, rashma
Rastaman know the truth
So you can’t fool the youth
Natty dreadlocks know it’s the truth
So you can’t fool the youth
Yet them know, yet them know
It’s the healing of the nation
Yet them know, yet them know
These things give asthma, rashma, chrasma
Natty dreadlocks know, natty dreadlocks know
Natty dreadlocks know, natty dreadlocks know
Knowing the truth, the truth that collie bud cure cancer
Natty dreadlocks, natty dreadlocks knowing the truth
Babylon too much partial-ism.
TRANSLATION COPYRIGHT JAMES DANINO
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